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Le hasard dans le dadaïsme

Le célèbre mouvement connu comme étant intellectuel sous le nom de Dadaïsme, traite différents domaines tels que la littérature mais aussi l’artistique. Le dadaïsme apparait lors de la 1ère guerre mondiale, et les fondateurs sont tout simplement un groupe d'artistes anticonformistes reconnus.

C'est un mouvement qui vise à changer la conception traditionnelle de l'art grâce à la provocation et à la dérision. Il a donc rassemblé de nombreux écrivains et artistes ayant entre autre refusé de participer au conventionnel, ce sont les anticonformistes.


Par son utilisation, les dadaïstes pour la première fois « se jetèrent tête baissée contre cette barrière millénaire ». Le hasard devient alors l’outil qui va permettre la réalisation de la critique radicale qu’envisage le Dadaïsme, permettant le rejet de la rationalité, qui par son application industrielle a doté l’humanité d’un pouvoir de destruction dont toute l’horreur s’est manifestée dans la guerre de 1914-1918. Le hasard est alors érigé en premier principe d’un anti-art, ou bien alors d’art de l’absurde et du non sens.

Du côté littéraire le Dadaïsme réunit de nombreux écrivains engagés dans le mouvement tel que Louis Aragon (1897-1982), André Breton (1896-1952), Paul Eluard (1895-1952) ou encore Philippe Soupault (1897-1990)

Pour la petite histoire...

La "légende" veut que deux écrivains, un Allemand, Richard Huelsenbeck et un Français, Tristan Tzara qui sera par la suite chef de file du Dadaisme, aient glissé un papier au hasard dans un dictionnaire Larousse, qui serait tombé sur le mot dada, et qui donc aurait été choisi comme nom du mouvement.

On peut donc considérer que Tristan Tzara est en quelque sorte l'initiateur du mot "Dada" et l’un de ses fondateurs, en effet il a participé à la naissance de ce mouvement à Zurich et a été le plus actif propagandiste du mouvement. Cependant il ne faut pas oublier que Tzara est avant tout un poète d'avant-garde et également un journaliste, dramaturge, critique d'art, et littéraire. Il a écrit notamment le manifeste Dada ci-dessous paru en 1918 dans la revue Dada 3 à Zurich :

Le mouvement Dada se différencie surtout par un recours systématique au hasard dans ses productions, il est le véritable pionnier de l’expérience de l’aléa dans l’art.

Tristan Tzara, est un donc lui aussi un créateur du hasard dans le Dadaïsme. En effet il compose des poèmes en poèmes en prenant au hasard des mots découpés dans un article de journal. En voici la recette :

« Pour faire un poème dadaïste prenez un journal, prenez des ciseaux, choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème. Découpez l'article. Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac. Agitez doucement. Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac. Copiez consciencieusement. Le poème vous ressemblera. Et vous voici un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire » . Tristan Tzigan.

Le hasard apparaît une fois de plus comme outil venant servir à marquer une rupture violente avec la tradition, tout comme Duchamp vis-à-vis de la peinture.

Louis Aragon, André Breton et Philippe Soupault font parti des pionniers Dadaïstes, en effet ils sont les créateurs d’un célèbre manifeste du mouvement dada appelé « Littérature » dans lequel ils étudient le merveilleux, l’inspiration, l’enfance et bien sur le hasard objectif.

Pour les curieux voici un lien internet qui vous dirigera vers un site comprenant de nombreuses images de cette revue : http://shigepekin.over-blog.com/article-la-revue-litterature-1919-1924-58849190.html


Du côté artistique, c’est par l’intermédiaire de Picabia que Duchamp s’intéresse au hasard dès 1913, le mouvement artistique du dadaïsme a pu se développer, en reniant la peinture classique et toutes les conventions. Marcel Duchamps a eu un impact non négligeable sur le mouvement Dadaïste. Pour lui son art est dû en partie au hasard, et il affirme en effet :

"Mes trois stoppages-étalon sont donnés par trois expériences, et la forme est un peu différente pour chacune. Je garde la ligne et j'ai un mètre déformé. C'est un mètre en conserve, si vous voulez, c'est du hasard en conserve"

Le Grand Verre aussi appelé La Mariée (1912-1923), sera en cela considéré comme son œuvre la plus importante. Œuvre dans laquelle Duchamp revendique pleinement l’utilisation du hasard comme outil de composition de certains des éléments. Dans ce système mécanique complexe que représente le Grand Verre, il est explicite que de nombreux éléments du tableur prennent en compte le hasard et le recours à l’aléa dans leur composition. Ces éléments sont au nombre de trois dans l’œuvre avec le réseau des Tubes capillaires, les Pistons de courant d’air et les Neufs tirés.

Le Dadaisme affirmera un recours systématique au hasard, l’érigeant en temps que critère de composition.

De façon général l’artiste Dadaïste usant du hasard est Jean Arp un peintre sculpteur et poète allemand du 20ième siècle, qui revendique par ses collages fabriqués selon les lois du hasard un recours à l’alea.

Notre deuxième exemple est Marcel Duchamps (1887-1968). Peintre, plasticien et homme de lettres français (naturalisé américain en 1955). Marcel Duchamps a eu un impact non négligeable sur le mouvement Dadaïste. Pour lui sont art est dû en partie au hasard il dit d'ailleurs : "Mes trois stoppages-étalon sont donnés par trois expériences, et la forme est un peu différente pour chacune. Je garde la ligne et j'ai un mètre déformé. C'est un mètre en conserve, si vous voulez, c'est du hasard en conserve"




Pour comprendre la place du hasard dans la Dadaïsme il faudrait remonter un petit peu dans le temps... En effet Jusqu’à Dada certaines traditions antérieures à Platon et Aristote étaient demeurées inchangées. Par exemple, l’art, jusque-là était assimilé à un développement concerté, une inspiration ou un acte d’expression mais sûrement pas au hasard qui en est son opposé radical. De par son utilisation, le hasard devient alors une arme permettant la réalisation de toute critique possible faite par le mouvement dada anticonformiste et anti conventionnel.

Le hasard est alors utilisé comme le premier système de ce que l’on peut appelé « anti-art » avec pour but de laisser passer un message par l’art de l’absurde et du non-sens. « Plus d’inspiration, d’intention créatrice, d’esquisse préparatoire et de plan, le hasard devient la source même de la création. »

En recourant consciemment au hasard, en l’invitant dans l’acte créatif, l’artiste cherche une forme de détachement, de non maîtrise et de spontanéité vis à vis du résultat.

Ainsi le mouvement DADA sera le premier à explorer les possibilités créatives du hasard avec ses imprévus afin de nier tout ce qui relève de la tradition ou de l’institution.


“Le génie est le hasard de la technique et la technique de ce hasard" 

 

 Louis Gauthier

 

       

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