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Le surréalisme, un mouvement basé sur le hasard

Digne héritier du mouvement dadaïste, un nouveau mouvement fait son apparition : le surréalisme. Dans le surréalisme comme a dit Picasso "Pour moi, un tableau n’est jamais une fin ni un aboutissement, mais plutôt un heureux hasard et une expérience." En effet la forme de l’œuvre n’est plus une fin concrète mais cette même œuvre devient alors un lieu à l’intérieur duquel « agit » l’esprit du temps. Ainsi dans le surréalisme le hasard agit comme un corps étranger introduit dans l’espace de l’œuvre.


Mais d’abord qu'est-ce que réellement le surréalisme ?


C’est un mouvement littéraire, culturel et artistique du XXème siècle. Il contient tous les procédés d’expression et de création utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient, …) ces valeurs même qui sont au cœur du mouvement surréaliste. Par conséquent le surréalisme « fait de son temps psychologique un medium de la peintre et de la sculpture ».

Le hasard n’intervient donc pas dans l’œuvre comme un simple accident ou aléa de la création, il est encouragé provoqué et revendiqué par l’artiste lui-même.

Le surréalisme voit le jour en 1924 lorsqu’André Breton le définit dans le premier Manifeste du Surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] ».


Par ailleurs André Breton est une figure emblématique du surréalisme, il serait donc injustifié de ne pas en parler plus en détail :

Donc André breton (1896-1966) était un poète et écrivain français principal animateur et théoricien du surréalisme. Il est l’auteur des différents manifestes du surréalisme et pour lui « tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable

et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement. C’est en vain qu’on cherchera à l’activité surréaliste un autre mobile que l’espoir de détermination de ce point » (André breton, Deuxième Manifeste, 1929). Son rôle de chef de file du mouvement surréaliste, et son œuvre critique et théorique pour l'écriture et les arts plastiques, font d'André Breton une figure majeure de l'art et de la littérature français du XXème siècle. La volonté d’introduire le hasard dans les œuvres, qu’elles soient artistiques ou bien littéraires, traduit de l’envie d’introduire un effet de surprise, d’étonnement ou encore de dépaysement comme celui provoqué par un rêve…



Une des parties les plus importante de ce mouvement est ce qui est appelé « hasard objectif », terme initialement utilisé par André Breton qui avait été dans un premier temps nommé « pétrifiantes coïncidences », « faits glissades », ou encore « faits précipices ». A.Breton utilise plusieurs fois le hasard objectif dans ces œuvres tel que Nadja et L’Amour Fou. Il définit par ailleurs le terme « hasard objectif » comme étant une « forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l’inconscient humain » (L'Amour fou, II, pp. 690-691) puis il ajoute « je me suis attaché à rien tant qu’à montrer quelles précautions et quelles ruses le désir, à la recherche de l’objet apporte à louvoyer dans les eaux préconscientes et, cet objet découvert de quels moyens, stupéfiants jusqu’à nouvel ordre, il dispose pour le faire connaitre »


Sur une tout autre dimension nous avons le Cadavre Exquis, jeu collectif inventé par les surréalistes vers 1925. C’est donc un « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'entre elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. » (Définition d’après le dictionnaire abrégé du surréalisme)

Le but de ce jeu est donc d’écrire sur un bout de papier un mot à tour de rôle (en respectant l’ordre sujet – verbe – complément) en cachant préalablement le mot écrit précédemment.

Ce jeu a été créé à Paris dans une maison ou vivaient Marcel Duchamp, Jacques Prévert et Yves Tanguy. Ces trois artistes en sont donc en grande partie les initiateurs et la toute première phrase qui résultat de cette expérience fut « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau »

André Breton explique que ce jeu n’avait au début qu’une valeur ludique, divertissante puis on y a trouvé une valeur inexploitée : « Bien que, par mesure de défense, parfois, cette activité ait été dite, par nous, « expérimentale », nous y cherchions avant tout le divertissement. Ce que nous avons pu y découvrir d'enrichissant sous le rapport de la connaissance n'est venu qu'ensuite. »

Ce jeu appartenant au courant réaliste est directement rattaché à la thématique du hasard car la phrase ou le dessin obtenu à la fin de ce jeu révèle que l’inconscient ne peut être choisi ou deviner avant.









Pour ce qui est des dessinateurs le principe est quelque peu différent. Le premier dessinateur dessine un motif sur une feuille de papier puis replie cette feuille sur elle-même avant de la passer au second dessinateur. Cependant en reliant le premier participant veuille à laisser une toute petite part de son motif afin que la personne suivante puisse s’en inspirer











Ce principe s’adapte même à une œuvre entière, en effet un roman L’Amiral flottant (The Floating Admiral, 1931), a été écrit sur ce principe. Douze écrivains ont participé à ce projet, chacun devait écrire un chapitre sans connaitre le précèdent « aucun des auteurs, comme l’explique Michel Lebrun dans L’Almanach du crime 1980, ne connaît la suite de l’histoire et doit s’ingénier, premièrement : à dénouer la situation délicate par laquelle le prédécesseur a conclu le chapitre précédent ; deuxièmement : à compliquer la situation au maximum pour laisser dans l’embarras celui qui prendra le relais ».


Mais qui dit surréalisme dit aussi écriture automatique qui est un mode d’écriture dans lequel n’intervient ni la conscience ni la volonté (et donc une part de hasard).

Hippolyte Taine dans la préface de la troisième édition de son ouvrage de l'intelligence paru en 1878 : « Il y a une personne qui, en causant, en chantant, écrit sans regarder son papier des phrases suivies et même des pages entières, sans avoir conscience de ce qu'elle écrit. À mes yeux, sa sincérité est parfaite ; or, elle déclare qu'au bout de sa page, elle n'a aucune idée de ce qu'elle a tracé sur le papier. Quand elle le lit, elle en est étonnée, parfois alarmée... Certainement on constate ici un dédoublement du moi, la présence simultanée de deux séries d'idées parallèles et indépendantes, de deux centres d'actions, ou, si l'on veut, de deux personnes morales juxtaposées dans le même cerveau ; chacune a une œuvre, et une œuvre différente, l'une sur la scène et l'autre dans la coulisse. ». Ceci est donc en tout point la définition de l’écriture automatique.

Tout comme avec le cadavre exquis il existe une alternative artistique à l’écriture automatique qui est la technique du frottage inventée par Max Ernst en 1925. Elle consiste à laisser courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface quelconque (parquet ou autre texture), ce qui fait apparaître des figures plus ou moins imaginaires.


“Le génie est le hasard de la technique et la technique de ce hasard" 

 

 Louis Gauthier

 

       

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