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Le hasard: fruit de réflexions philosophiques

Le déterminisme est un courant de pensée philosophique qui dit que tout ce qui doit arriver arrivera, et que chaque événement découle du dernier et aura un impact sur le suivant, tout ça étant nécessaire. Spinoza est un grand philosophe déterministe et pense que le déterminisme nous enlève en quelque sorte notre liberté : « les hommes se croient libres parce qu’ils sont conscients de leurs désirs mais ignorants des causes qui les déterminent ». Un autre illustre représentant du déterminisme est Laplace, et voici la définition qu’il en donne : « Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux [… ]» D’autres philosophes comme Freud sont ancrés dans ce courant de déterminisme, qui rejette entièrement le hasardet n’importe quelle idée soumettant qu’un fait a lieu sans aucune raison car justement, le hasard vient à l’encontre du déterminisme et veut qu’un évènement se produise sans raison, de manière totalement aléatoire.

Vidéo explicative sur le déterminisme de Spinoza :




Freud est à la base un médecin neurologue qui petit à petit s’est intéressé au devenir du monde puis est devenu un philosophe. Freud est en autre un grand représentant du derminisme et rejette toute notion de hasard. Il est à l’origine du "moi", du "sur-moi" et du "ça". Ce triptyque montre une certaine différence avec la philosophie générale, et se passe entièrement dans notre tête de manière inconsciente.

Le « ça » de Freud correspond aux instincts de l’Homme, à ses envies bref, tout ce qui est enfouit au fond de lui : “C’est la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité. Lieu de chaos, marmite pleine d’émotions bouillonnantes. Il s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune organisation, d’aucune volonté générale; il tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le « ça » ne connaît et ne supporte pas la contradiction.

Le « surmoi » correspond à cette petite voix qu’on entend et qui nous dit ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Cette petite voix résulte de l’éducation reçue et de tous les paramètres ayant pu changer notre manière de penser ou réagir.

Enfin, le « moi » est notre partie de personnalité, qui assure notre bien être. Le « moi" a pour mission d’être le représentant de ce monde aux yeux du « ça" et pour le plus grand bien de ce dernier. En effet, le « moi », sans le "ça", aspirant aveuglément aux satisfactions instinctuelles, viendrait imprudemment se briser contre cette force extérieure plus puissante que lui. Le « moi » détrône le principe de plaisir, qui, dans le "ça", domine de la façon la plus absolue.

Une action a donc un moteur pour pouvoir s'effectuer qui relève de notre vie psychique et donc d'une manifestation non-intentionnelle, par le hasard intérieur. Puis une action peut aussi avoir pour action le hasard extérieur:

"Ce qui me distingue d’un homme superstitieux, c’est donc ceci : Je ne crois pas qu’un événement, à la production duquel ma vie psychique n’a pas pris part, soit capable de m’apprendre des choses cachées concernant l’état à venir de la réalité ; mais je crois qu’une manifestation non-intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n’appartient qu’à ma vie psychique ; je crois au hasard extérieur (réel), mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). C’est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique ; en revanche, il est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir, et à voir dans le hasard un moyen par lequel s’expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées. Il y a donc deux différences entre l’homme superstitieux et moi : en premier lieu, il projette à l’extérieur une motivation que je cherche à l’intérieur ; en deuxième lieu, il interprète par un événement le hasard que je ramène à une idée. Ce qu’il considère comme caché correspond chez moi à ce qui est inconscient, et nous avons en commun la tendance à ne pas laisser subsister le hasard comme tel, mais à l’interpréter."

La citation « Le hasard, c’est Dieu qui passe incognito » d’Albert Einstein, une des plus grandes personnalités du XXe siècle suit l’idée du déterminisme, un fait qui est une nécessité, ne s’explique pas et provient de Dieu, qui plus est pour Einstein un Dieu bon.

Le déterminisme ne doit pas être confondu avec l'idée de prédestination des jansénistes ou de Blaise Pascal, qui est une idée purement théologique, concernant d'ailleurs moins la série des événements que le salut ou la réprobation de l'âme après la mort.

Blaise Pascal est un génie, il a su mélanger le hasard et la loi, les sciences et les expériences et aussi l’esprit et le cœur dans le but d’éclairer son temps, d’élucider tant de mystères. Il créer aussi à 28 ans les calculs de probabilités qui sont encore aujourd’hui le centre des sciences sociales et de la physique. Il fit bien d’autres découvertes ensuite.

Blaise est aussi un grand religieux, il souligne d'ailleurs le fait que l’homme privé de Dieu est dans la misère.

Blaise Pascal est souvent décrit comme un penseur pessimiste car il a conscience de la misère de l’homme et des limites du raisonnement de l’homme. Ce style de pensée le rapproche de Montaigne, et en font tout deux des précurseurs des pensées de Kant. Les deux personnages donnaient une place importante à la foi en montrant les limites de cette raison : « le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ».

Blaise Pascal est dit comme précurseur de l’existentialisme, L’existentialisme étant un courant philosophique ainsi que littéraire qui postule que l’être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, celles-ci n'étant pas prédéterminées par des doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L'existentialisme considère chaque personne comme un être unique maître de ses actes, de son destin et des valeurs qu'il décide d'adopter, le vécu de chaque évènement n'est donc pas dépendant du hasard, mais seulement des actions de l'homme intentionnelles ou non.

Kant admet le hasard, pour lui « le hasard donne les pensées, et le hasard les ôte »

L’homme n’est pas en mesure de mesurer de contrôler ni la spontanéité de sa pensée, ni l’intervention du hasard.

Dans l’enchainement des choses, il y a deux parties qui sont contraires à la raison :

-l’aveugle nécessité : ce qui empêche notre entendement de prendre en compte l'action

-l’aveugle hasard (l’aveugle nécessité et fatalité) : évènement fortuit par pure contingence des choses qui n’existent pas, parc qu’elles sont contraires à la raison

Il n’y a que ce qui est contingence qui est aveugle hasard. L’être primitif est opposé à l’aveugle necessité, la cause à l’aveugle hasard

Cette nécessité et ce hasard sont contraires à la raison, parce qu’alors on conçoit des évènements qui n’arrivent pas selon les lois de l’entendement et de la raison.

Pour Kant le hasard et la nécessité ne sont donc pas des principes d’explication des évènements mais ils sont comme une « molle oreille de l’ignorance", en rendant impossible tout usage de l’entendement. Ils sont incompatibles avec la nature et la liberté, qui eux sont deux principes de l’entendement, qui supposent essentiellement des lois et par conséquent l’intelligence.

Au cours de sa vie, il se sera posé trois principales questions auxquelles il aura essayé de répondre grâce à sa philosophie:

-Que puis-je connaître ? (à laquelle il répondra dans la Critique de la raison pure)

-Que dois-je faire ? (à laquelle il répondra dans Critique de la raison pratique et La métaphysique des mœurs )

-Que m’est-il permit d’espérer ?

Kant a aussi divisé sa philosophie en trois grandes parties: la philosophie théorique, surtout mise en évidence dans Critique de la raison pure, la philosophie pratique, développée dans la Critique de la raison pratique et enfin l’esthétique, dont il a parlé dans la Critique de la faculté de juger. Il s’est exprimé et a mis en relation le déroulement de l’histoire et le hasard dans I’idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique. Et dans cet ouvrage il indique clairement que pour lui l’Histoire a un sens et que le hasard n’intervient pas dans son déroulement. Il pense de plus que le hasard n’est qu’apparent et que « les actions humaines sont déterminées selon des lois universelles de la Nature comme tout autre événement naturel ».

Leibniz s’est aussi interrogé sur les idées, qu’il a défini selon différents critères. Une idée est donc claire quand elle permet de reconnaître une chose et à la distinguer. Sinon elle est obscure. Une idée peut aussi être distincte si elle permet de distinguer les marques qu’un objet possède. Sinon elle est confuse. Dans la philosophie, Leibniz c’est souvent opposé à Descartes et Locke : pour Descartes, les idées ne seraient que temporaires chez l’homme car elles proviennent de Dieu, et pour Locke, tout savoir vient d’un sens. Dans un de ses textes philosophiques, Leibniz parlait de la liberté de l’indifférence et du hasard. Il pense que le fait de ne jamais choisir quand on est indifférent n’est que pur hasard. Mais ce hasard serait un simple rêve qui ne se trouve pas dans la nature. Il est aussi d’accord pour dire que le hasard ne serait qu’une chose apparente, telle la fortune, et que c’est le fait d’ignorer des causes qui le créait.

« Je n'admets donc l'indifférence que dans un sens, qui la fait signifier autant que contingence ou non nécessité. Mais, comme je me suis expliqué plus d'une fois, je n'admets point une indifférence d'équilibre, et je ne crois pas qu'on choisisse jamais quand on est absolument indifférent. Un tel choix serait une espèce de pur hasard, sans raison déterminante, tant apparente que cachée. Mais un tel hasard, une telle causalité absolue et réelle, est une chimère qui ne se trouve jamais dans la nature. Tous les sages conviennent que le hasard n'est qu'une chose apparente, comme la fortune: c'est l'ignorance des causes qui le fait…


“Le génie est le hasard de la technique et la technique de ce hasard" 

 

 Louis Gauthier

 

       

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